La Princesse au Coeur de pierre et le prince boiteux.

Ceci est une fiction, toute personne ou évènement ressemblant à la réalité sont fortuites.

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Ronald posa sa brosse à cheveux à côté de l'évier, checka une dernière fois que ses dents étaient bien nettoyées puis se dirigea rapidement vers la chambre. L'hiver était rude cette année-ci et le seul plaisir des habitants était de vite retrouver leurs couvertures chaudes le soir!

Il courut rejoindre son amant, glissant ses mains froides sous son t-shirt. Julius sursauta en couinant. Le brun gloussa sous le regard furieux du conjoint.

"Non, mais ça va pas!
"Mais j'ai froid!
"Moi aussi! C'est pas une raison!
"Mais ne te gênes pas alors!"

Julius n'attendit pas une seconde de plus mais, à la différence, il glissa ses mains dans le pantalon. Le teint de Ronald vira au rouge coquelicot à l'instant même. Gêné, il se serra un peu plus contre le blond, cachant son visage dans son cou.

"Tu n'es pas tenable…
"Tu m'en as donné la permission mon cœur…"

Le cœur de Ronald s'arrêta un instant. Il avait bien entendu ou…?

"Mon… Cœur?
"C'est bientôt Noël… J'ai toujours aimé cette fête…
"… J'aime bien l'effet fin d'année sur toi!
"Ne prends pas trop vite l'habitude, en janvier, c'est terminé!
"Alors laisse moi un peu profiter!"

Il se réinstalla confortablement sur le torse de son amant, s'amusant à le câliner tendrement. Ce genre de soirée calme, ça faisait un temps qu'ils n'en avaient plus eu…

"Quand j'étais petit, tu sais ce que ma grand-mère faisait chaque année à Noël?"

Le brun se releva pour embrasser délicatement son amant.

"Quoi ça?
"Chaque année… je dormais chez elle… Et quand elle allait me coucher, elle me racontait toujours l'histoire de la Princesse au Cœur de pierre et du chevalier boiteux."

Ronald se coucha sur le blond, les mains croisées sur son torse et sa tête posée dessus. Il le regarda, perdu dans ses pensées.

"La Princesse au Cœur de pierre et le chevalier boiteux… Joli nom…
"C'est un conte assez triste… Mais chaque année, je l'attendais avec impatience…
"Tu n'as pas envie de me le raconter?"

Julius sortit de ses pensées et ancra son regard dans celui de son amant. Il croisa ses bras derrière sa tête.

"Nous ne sommes pas encore Noël…
"Mais le soir de Noël, tu pourras pas me le raconter vu qu'on sera dans ta famille…"

Julius ferma les yeux et laissa un petit silence flotter, le temps de bien se rappeler de cette histoire.

"Il était une fois, dans un royaume très lointain, une jeune Princesse que tout le monde disait au cœur de pierre. Elle fuyait les gens tellement elle les craignait… Elle avait peur des Hommes malades, jugeant et mauvais… Elle avait peur de ce royaume où elle habitait. Sa famille ne savait plus quoi faire… Un jour, elle eut tellement peur qu'elle partit loin de tout… Elle partit au fond de la forêt se réfugier dans une cabane tout de bois, sans clous pour éviter les objets menaçants… Elle se cultiva son propre petit potager et ne fit jamais aucun mal aux animaux… D'ailleurs… Ses seuls amis, au rythme des années, furent des animaux…

Il y avait un petit ourson, doux comme une peluche mais au caractère fort lunatique… Un majestueux cheval au poil noir, têtu comme une mule mais toujours fidèle… Un crabe qui triturait toujours sa barbiche quand il réfléchissait et voulait toujours vivre hors de l'eau… C'était son amie belette rousse qui devait toujours l'y remettre. Celui-ci avait l'air constamment endormi mais savait réveiller un mort juste en rigolant… Et le retuer tout de suite grâce à l'odeur de ses pieds qui piquaient les yeux... Il y avait aussi un castor fort précieux et ne supportant avoir la fourrure bouclée! Mais bizarrement, tout le monde l'adorait… Puis l'oiseau au plumage d'oisillon, toujours à la recherche de ses coquilles d'œufs et aimant parler psychologie aux moments les plus inappropriés… Et pour finir… L'ami le lézard. Il avait un caractère de cochon mais une façon tellement comique de parler qu'on ne savait s'en passer…

Et ils vivaient à huit, au fond de cette forêt de mélèzes, heureux. Ils aimaient aller jouer dans la rivière, puis cueillir des fruits… Ils savaient courir des heures entières sans s'arrêter pour ensuite dormir des jours entiers sans se réveiller. Ils adoraient se chamailler entre eux et regarder les étoiles le soir avant de dormir… La vie leur était agréable et pour les petits animaux, cette Princesse n'avait pas un cœur de pierre mais de cristal.

Un jour, la Princesse lisait une histoire aux petits animaux quand le cheval se mit à l’embêter gentiment. Le castor se mit à bouder avec le lézard. Ils voulaient avoir la suite. Le crabe tenta une nouvelle fois de sortir de l'eau, profitant que la belette soit endormie. L'ourson et l'oiseau stupide s'amusaient à manger tout en rigolant face aux bêtises du cheval. Mais celui-ci fort maladroit, se coupa la patte à une page du livre. Le crabe, qui venait de réussir son plan, s'arrêta pour triturer sa barbe en annonçant que ça n'arrivait qu’aux autres. Tous les animaux coururent auprès du cheval blessé et le consolèrent. La Princesse inquiète s'encourut chercher des herbes soignantes dans la forêt.

Alors qu'elle cherchait désespérément cette plante, un chevalier solitaire vit de loin sa magnifique chevelure dorée brillant de milles éclats sous le feu du soleil. Il s'approcha d'elle et remarqua assez vite son état.

"Ma douce louve, quel mal vous frappe donc?"

La Princesse surprise fit face au chevalier. Durant un bref instant, elle en oublia même qui elle était. Et elle comprit que le monde n'était pas aussi méchant qu'elle le pensait… Que des Hommes bons pouvaient aussi exister. Elle en oublia sa précédente préoccupation et invita le jeune homme à s'installer à ses côtés pour parler. Et ils discutèrent une heure… Puis deux… Puis trois… Puis quatre…

Et enfin, quand la Princesse revient au prêt de ses amis, elle y emmena son chevalier. Elle voulait absolument présenter ce rayon de soleil, cette homme plein de bonté qui gagnait à être connu. Et chaque animal réagit différemment.

La belette, sentant que la situation devenait plus rousse qu'elle, décida de partir. Il avait croisé une autre belette et ils décidèrent de faire un bout de chemin ensemble.

Le crabe regarda son ami partir et arriver ce nouveau chevalier. Il resta stoïque, triturant ça barbe durant de longues heures.

Le lézard, l'oiseau et le castor étaient partis eux aussi à la recherche de la plante soignante et de la Princesse. Ce n'était pas dans ses habitudes d'être aussi longue et ils commençaient à s'inquiéter.

Le cheval réagit brusquement. Pourquoi donc cette homme était-il là? Et pourquoi donc la Princesse le regardait avec ce regard tellement bizarre? Et, à l'étonnement de la Princesse, il grogna.

L'ourson, un peu plus craintif, n'osa faire un geste et décida de regarder ce qu'il allait se passer avant de réagir lui aussi. Pourquoi tout était-il aussi compliqué à comprendre?

La Princesse proposa au prince de rester avec eux. Il descendit de son cheval blanc et tout le monde se rendit compte qu'il boitait. Du côté de la Princesse, cela ne le rendait que plus beau. Pour le cheval, beaucoup plus ridicule.

Le premier jour, l'ambiance était tendue mais personne ne dit rien. Le Princesse s'occupait de son prince, préparant à manger pour lui, essayant de faire un maximum pour qu'il ne fatigue pas cette jambe boiteuse.

Le deuxième jour, le cheval se mit à râler à haute voix. Le crabe tortillait toujours sa barbe mais personne ne sut si c'était pour sortir de son bocal ou pour la situation.

Le troisième jour, le cheval ne voulut plus rentrer à l'intérieur ni même adresser la parole au prince. La Princesse vint alors lui demander de changer car elle, elle avait évolué, mûrit. Elle avait trouvé sa moitié. Et l'ambiance devint encore plus tendue.

Le quatrième jour, le prince ne cache plus son amour pour la Princesse, la suivant partout en boitant et en récitant des discours mielleux. C'est lors d'un de ces moments que la situation s'empira encore :

"Ma louve, enlevez le u et cela donne love! Le destin voulait nous faire rencontrer!"

Alors que le crabe était partit se cacher derrière un rocher plus petit que lui pour cracher ses bulles, le cheval éclata de rire.

Le cinquième jour, les cris fusèrent. Le prince en eu assez de la situation et prévint la Princesse qu'il souhaitait repartir mais avec elle. Le cheval s'accrocha à sa robe et lui demanda de rester. On estima que le cheval se considérait comme le centre du monde et on le rejeta.

Le sixième jour, la Princesse fit une dernière requête auprès du cheval pour qu'il change et lui proposa même de devenir le nouveau destrier du prince. Il refusa et la Princesse repartit dans ce monde qu'elle avait tant fuit et haït.

Le septième jour, quand le lézard, le castor et l'oiseau revinrent, tout avait changé. Les plantes pour soigner le cheval ne servirent plus à grand chose. Un autre mal régnait. Le lézard partit se cacher entre les poutres de la cabane et on n'entendit plus que sa voix à chaque fois qu'il râlait. Et il avait matière à râler.

L'oiseau perplexe décida qu'en plus de rechercher ses coquilles d'œuf, il chercherait aussi ce cœur de cristal qu'il avait à maintes fois aimé. Le castor, toujours aussi précieux, préféra se taire que d'user sa belle voix à parler de cette Princesse qui avait tout perdu auprès de lui. L'ourson, lui, priait chaque soir pour que la Princesse revienne au moins une fois de temps à autre. Mais plus le temps passait et moins il eut d'espoir.

Le crabe courageux sortit de l'eau et partit en ville voir la Princesse. Quand il toqua de ses deux pinces à la porte, personne ne lui répondit. Au contraire, l’on verrouilla à double tour l'entrée. Sans doute, estimait-on que c'était mieux ainsi. Il rentra le bouc frémissant.

Après cela, les animaux n'eurent pas besoin de parler pour penser à la même chose. Cette Princesse avait bel et bien un cœur de pierre pour préférer ce prince boiteux. "

Un petit silence régna dans la chambre. Julius s'amusait à tendrement caresser le dos de Ronald, lequel était perdu dans ses pensées. Il sentait venir la réflexion comme quoi toute sa famille était bizarre. Le brun déposa sa tête sur le torse de son amant en soupirant.

"Pauvres petits animaux… C'est trop triste!
"J'avais prévenu…
"Et tu aimais bien cette histoire!
"Aïe!"

Ronald en avait profité pour le pincer. Outré, Julius se mit à le chatouiller et ainsi commença une bataille qui se termina à 1-0 pour Julius quand Ronald tomba hors du lit.

"N'empêche ta famille est étrange…
"Allez, je l'aurai parié!
"Un conte est censé raconter une histoire avec une certaine symbolique ou chacun y trouve une morale pour sa propre vie! Chacun doit se reconnaitre dans les personnages! Hors dans celui-ci, je suis sûr que jamais une telle histoire arrivera dans le monde!
"Au lieu de te mettre à analyser l'œuvre de mon enfance, tu ne viendrais pas plutôt te coucher?"